Vu sur le web, une drôle d’idée d’exercice…
A l’occasion de recherches web dans le domaine de la pédagogie ludique, nous sommes tombés, par hasard, sur un document qui nous a interpellé. Précisons que la dite personne n’était pas un enseignant du secteur public ou même privé. Elle se positionnait plutôt comme un « consultant » en pédagogie. Nous n’en citerons pas la source parce que ça n’a pas grand intérêt, mais le document en question proposait un jeu pour sensibiliser les élèves des classes primaires aux nombres, aux chiffres et même aux sommes d’argent. Or, il se trouve que le jeu préconisé se basait sur le remplissage d’une grille de loto.
Le concepteur de l’exercice insistait sur la dimension « récréative »de ce dernier. Il prenait même les précautions d’usage, en disant qu’il était conscient de la nature addictive de certains jeux. Son argument était que, malgré tout, le jeu était très divertissant et pouvait permettre d’occuper les élèves, pour une quinzaine de minutes, à la fin d’un cours. Tout cela ne nous a pas empêché de trouver l’idée quelque peu fantasque pour ne pas dire déplacée. Pourquoi ne pas encourager les élèves, à ce compte là, à jouer au poker, aux jeux de casino, ou même à la machine à sous pour apprendre à compter les cerises ou les jackpots ? Pardon de le dire, mais de notre côté, il nous semble qu’il existe bien d’autres façons ludiques d’apprendre à compter aux enfants…
Jeux et addiction : principes de précaution
« Un mal est un bien » dit le proverbe. Tout cela nous a donné l’idée de mettre en place cette page. Elle permettra à tous d’être informés de certains risques encourus par les jeunes en matière de pratiques addictives. Elle sera aussi une invitation à la réflexion sur le thème des jeux d’argent et de l’addiction. On pourra avancer que le phénomène porte surtout sur les pré-adolescents et les adolescents que sur les plus petits. C’est vrai. Mais nous restons de l’avis que la prévention et l’information ne démarrent jamais assez tôt.
Pour étayer le sujet, il nous a paru utile de nous appuyer sur un document officiel de l’ODJ qui porte sur les pratiques addictives des jeunes. Nous rentrons un peu ici dans le détail des chiffres mais, comme nous l’avons dit, nous espérons que cela fournira la base d’une réflexion sur tous ces sujets. Vous pourrez également télécharger ce document très complet.
Jeunes et pratiques addictives
En 2016, l’ODJ a publié un excellent rapport sur les problèmes d’addiction des jeunes. Ce document porte sur les conduites addictives au sens large. Les produits qui sont accessibles dans le cadre domestique ou à l’école sont particulièrement visés (alcool, tabac, drogue…) mais ce ne sont pas les seuls.
Dans son rapport, l’ODJ pointe un certain nombre de foyers à risque sur lesquels il faut se montrer particulièrement vigilant. On citera, par exemple, les jeux vidéos qui y sont aussi mentionnés. On sait qu’à l’image de l’addiction aux réseaux sociaux, ces derniers peuvent être particulièrement chronophages si leur usage n’est pas contrôlé. En dehors des consoles ou des micro-consoles de jeux, l’accès, de plus en plus jeune, à des ordinateurs familiaux et même à des téléphones portables pose, de plus en plus, la question du nécessaire contrôle parental. Dans les jeux mentionnés, le rapport se penche aussi sur ceux pratiqués sur internet. De nombreux sont gratuits, ce qui les rend d’autant plus difficiles à contrôler que ceux qui nécessitent un budget et de l’argent pour être acquis.
Les jeux d’argent : tirage, grattage, paris sportifs, casinos ?
Aussi triste que cela puisse paraître, s’agissant de mineurs, certains jeux d’argent sont même visés par ce rapport. L’ODJ reste très prudent sur ces aspects en l’absence de sources croisées, mais juge bon tout de même de mentionner l’existence potentiel d’un terrain à risques de ce côté là. Le phénomène ne touche pas les plus petits mais des adolescents. Il ne s’agit pas de pratiques que l’on puisse qualifier d’addictives mais, tout de même, 44% des jeunes de 17 ans ont déclaré avoir déjà joué à un jeu d’argent quelque soit le type de jeu.
Les pratiques de jeux banalisées socialement
Même si ces pratiques ne sont pas jugées problématiques, dans le sens d’excessives, on peut, à juste titre, s’étonner du phénomène. Dans le domaine des jeux d’argent et de hasard, l’achat de jeux de grattage, de tirage ou autres sont, dans le principe, prohibés pour les mineurs, dans les points de distribution physiques. Les contrôles sont-ils exercés ? Quant au jeux d’argent sur internet, leur usage semble limité auprès de ces publics. Il faut, en effet, disposer au minimum d’une carte de crédit pour jouer, qu’il s’agisse de jeux de casino, de poker, de paris sportifs ou de jeux de grattage et de tirage.
Loteries, grattage, tirage, ce sont d’ailleurs ces derniers jeux qui semblent le plus avoir été essayés par ces mineurs. Cela ne fait, du reste, que refléter les statistiques globales et l’engouement des français pour ces jeux en particulier. Si les adultes les pratiquent et s’ils sont médiatisés, à un moment donné, il est logique que les plus jeunes s’y intéressent aussi. Les paris sportifs représentent encore une partie marginale de ses jeux mais entrent tout de même dans les statistiques. D’ailleurs, pour abonder dans le sens d’une médiatisation et d’une popularité qui confère à ces pratiques une forme de « légitimité », on notera que les jeux de casino, qu’ils soient de type poker ou machines à sous, ne semblent pas concernés par ces statistiques. Banalisation ? Mimétisme du comportement des adultes ? Tout cela participe nécessairement du phénomène qui peut amener les adolescents ou les pré-adolescents vers les jeux d’argent ou de hasard.
Les jeux de hasard sur internet
Nous le disions, plus haut, il faut toujours surveiller de près l’utilisation faite d’internet par les plus jeunes et les plus petits aux vue des différents tentations ou dangers qu’ils pourraient y croiser. Pourtant, en croisant d’autres enquêtes mentionnées dans le rapport, les jeux d’argent en ligne ne concerneraient que 4% des jeunes. A l’image de tous les autres pratiques addictives, le risque semble bien se trouver au dehors : dans la rue, dans le quartier et les fréquentations et même quelquefois au domicile ou aux portes de l’école. A ce titre, tabac, cannabis, alcool, exercent quelquefois leurs odieuses tentations dès le collège et, pour remettre les choses en perspectives, leurs dangers sont encore bien plus prégnants que celui les jeux d’argent.
Pour le reste, et encore une fois, si les plus petits sont encore préservés, il est avant tout question d’appliquer le principe de précaution. Certains proviseurs ou directeurs d’écoles n’ont d’ailleurs pas attendu en organisant dans leurs établissements des actions de sensibilisation. Le terrain n’est donc pas tout à fait en friche.
Télécharger le rapport complet sur les addictions de jeunes
Lien alternatif vers le fichier.
DES AIDES POUR LES JOUEURS EXCESSIFS
Pour le suivi et la détection des pratiques addictives en matière de jeux d’argent de quelque nature qu’ils soient (loteries, tirage, grattage, poker, machines à sous), de sérieuses dispositions ont été prises en France. Elles s’adressent autant aux joueurs qu’à leurs proches susceptibles de détecter les pratiques excessives. Comment identifier le problème et l’évaluer ? Que faire et qui contacter ? Vous pourrez trouver une bonne synthèse de toutes ses questions et leurs réponses ici : le jeu responsable . Les informations actualisée du service joueurs-info-service y sont également mentionnées.
En espérant que cette page fasse son chemin et ouvre des réflexions sur ce sujet sensible.